« Offrir un autre avenir pour Cavaillon »
Conférence de presse de SNT84 à l’occasion de la création de la ZAD de Cavaillon – 22 avril 2023
« Aujourd’hui, samedi 22 avril 2023, le collectif SNT84, les associations écologiques AVEC Cavaillon, AEQV Cheval Blanc, Luberon Nature, FNE Vaucluse, la Confédération Paysanne, SOS Durance Vivante, l’association des parents d’élèves FCPE groupe local de Cavaillon ainsi que les collectifs de riverains des 3 zones menacées d’artificialisation, organisent une grande manifestation citoyenne à Cavaillon.
L’histoire a commencé il y a presque 10 ans lorsqu’ Imm’Auchan voulait s’implanter sur les terres de La Voguette. Les associations s’étaient alors mobilisées pour empêcher la bétonisation de ces terres et durant plusieurs années, la ZAD de la Voguette a tenu bon. En 2016, victoire : Imm’Auchan se retire ! N’en déplaise à certain, les terres sont restées vivantes. Non cultivées certes, en friche oui. C’est-à-dire gorgées de vies, un creuset de biodiversité.
Puis le temps est passé, quelques années, jusqu’à ce qu’un nouveau projet émerge en 2019. Non plus sous la gouverne de la Mairie de Cavaillon mais sous celle de l’agglomération Luberon Monts du Vaucluse (LMV). Quelle pirouette ! Pour annoncer le projet Natura’Lub. Un doux nom pour un projet plein d’ambition … d’artificialisation de 45ha sur les terres de la Voguette ! Mais l’appellation Natura’Lub n’a pas tenu longtemps, le projet s’est transformé en vulgaire ZAC des Hauts Banquets avec l’accueil annoncé en fin 2022 d’un premier gigantesque logisticien : RAJA, et sa horde de camions et de béton. Mais l’avidité de bétonisation ne s’arrête pas là. La ZAC des Hauts Banquets est la première phase d’un projet bien plus grand : l’annexion de deux zones voisines, le Camp (sur 11ha) et le Bout des Vignes (sur 31ha), au sud de Cavaillon, aux portes de Cheval Blanc. Ces deux nouvelles zones sont aujourd’hui des vergers, des maraichages, des prairies et quelques habitations. A quel avenir les destine t-on ? à se transformer en zone artisanale et en zone commerciale. L’ébriété foncière ne s’arrête jamais pour LMV. Les 3 zones réunies : les Hauts Banquets, le Camp et le Bout des Vignes représenteront en tout 87 ha. 87ha de terres fertiles, irriguées par le canal St Julien datant du 12ème siècle que le monde entier nous envie. 87ha de friches, de maraichages, de refuges de biodiversité et de greniers alimentaires.
A l’heure où l’urgence climatique, écologique, la sauvegarde de l’eau, la sauvegarde des terres alimentaires, la sauvegarde de la qualité de vie, est dans tous les esprits, comment peux-t-on continuer à détruire des terres fertiles, des prairies et des friches sous prétexte de la croissance ? C’est inacceptable ! Cette économie basée sur la destruction des sols, sur la destruction du vivant, sur la destruction d’un avenir vivable est totalement mortifère.
Nous, associations écologiques et riverains, nous nous opposons à cette économie du passé. Nous dénonçons la ZAC des Hauts Banquets, ex-NaturaLub. Nous dénonçons l’extension à 2 zones supplémentaires du Camp et du Bout des Vignes. Aujourd’hui, nous sommes réunis pour dénoncer fermement ce projet destructeur et inutile de 87ha au total. Nous annonçons la création de la Zone à Défendre (ZAD) de Cavaillon. Nous appelons les citoyennes et les citoyens de Cavaillon, de Cheval Blanc, des communes avoisinantes et des pourtour du Luberon, à rejoindre la lutte pour que cesse cette artificialisation exubérante et honteuse sur notre territoire.
Ce projet démesuré se base sur une économie ultra-carbonnée de l’ancien monde. Ce projet a pour prix la destruction de notre propre terre, celle qui se trouve sous nos pieds. Cette terre c’est celle qui nous nourrit – par les paysans qui la cultivent, celle qui nous abreuve – grâce au cycle naturel de l’eau, celle qui nous enchante aussi – par la beauté de la vie. Et c’est elle qui se soulève aujourd’hui.
Ce samedi 22 avril 2023, c’est aussi – belle coïncidence – le jour de la Terre « The earthday », au niveau mondial. Un jour qui appelle chacune et chacun à repenser un avenir plus viable et à agir en ce sens. Nous accueillons à cette occasion, nouvelle coïncidence – Nathalie Moss. Elle traverse la France en vélo pour promouvoir la sauvegarde des sols et nous fait l’honneur de sa présence. Merci Nathalie.
Alors aujourd’hui plus encore, nous soulevons des questions et nous appelons à l’action.
A l’heure où le Melon de Cavaillon est en voie d’obtenir le label IGP, comment se fait-il qu’il ne reste plus qu’un seul producteur de melons sur Cavaillon (menacé d’expulsion) ? Comment se fait-il que certains s’acharnent avec ce projet hérité d’une autre ère où urgences climatique écologique et sociales n’existent pas ? Pourquoi l’agriculture, première économie de l’homme, ne fait-elle pas partie des plans des décideurs ? La filière agricole respectueuse du vivant est pourtant pourvoyeuse d’emplois durables. Mais elle nécessite une vraie vision politique sur du long terme.
A l’heure où un nouvel arrêté préfectoral datant du 17 avril vient d’être émis mettant en état l’alerte sécheresse le bassin Sud Luberon, à l’heure où nous nous préparons à affronter une nouvelle canicule cet été, comment peux-t-on continuer à détruire des champs qui nous pourvoient en fraicheur ? comment peut-on laisser LMV assécher ces terres par la suppression de l’ irrigation gravitaire qui fait et a fait la richesse de notre territoire ?
Comment peut-on envisager un avenir si nous n’avons plus que du goudron du béton sous nos pieds ? Ce n’est pas les quelques arbres plantés qui vont remplacer tous ceux qui seront détruits. Une terre bétonnée, c’est une terre détruite pour plusieurs dizaines d’années.
Alors, non, cette lutte n’est pas celle d’« écolos bobos », non ce n’est pas celle d’une poignée de radicaux qui « préfèrent les tulipes à l’emploi » comme on a pu aussi l’entendre. Cette lutte c’est celle des vivantes et des vivants, des enfants petits et grands, celles et ceux qui ont grandi ou qui sont venus ici, sur les terres cavaillonnaises, chevalblanaises, luberonnaises et vauclusiennes. Comme Océane, cette jeune fille de 13 ans et Cath, qui ont dessiné ensemble la Tulipa Raddii, cette lutte est autant intergénérationnelle qu’intersocioprofessionnelle. Quels que soient l’âge et la position sociale, il existe un autre avenir pour Cavaillon que le béton et le goudron. Un avenir qui ne se construit pas sur le profit immédiat de quelque uns, mais un avenir qui se construit sur du long terme avec et pour toutes et tous. Et c’est avec la certitude que notre avenir ne pourra grandir qu’avec des sols vivants et fertiles et non des terres détruites, que nous appelons toutes les citoyennes et tous les citoyens sympathisants de la ZAD de Cavaillon à rejoindre la lutte pour sauver les 87ha de l’artificialisation et offrir un autre avenir pour Cavaillon.
Avant de laisser place à la table ronde et au cortège qui se dirigera vers le centre-ville avant de rejoindre la
zone menacée du Camp, nous vous remercions toutes et tous de votre présence aujourd’hui dans la solidarité
d’une lutte qui nous unit. Merci. »