Préserver les bases du Vivant

Samedi 5 octobre, dans le cadre de Vivant, Paul a proposé une conférence passionnante mêlant constats scientifiques et questionnements philosophiques. Puisque, finalement, c’est bien de cela qu’il s’agit : quel est le sens que nous voulons donner à nos vies ? La salle de la bibliothèque était comble, et l’assemblée hapée par le propos. En voici quelques éléments pour garder en mémoire la teneur de la présentation, et y revenir autant que nécessaire puiser de l’espoir et l’énergie de continuer.
Tout d’abord, un constat accablant :

75 % des milieux terrestres sont altérés de façon significative et plus de 85 % des zones humides ont été détruites. 66% des milieux marins sont déteriorés.

Cette déterioration des milieux est la principale cause de la 6° vague d’extinction des espèces plus brutale et rapide que les 5 précédentes : la taille moyenne de la population de vertébrés sauvages a décliné de 68% entre 1970 et 2016. 40 % des insectes sont en déclin au niveau mondial. 46 % de la couverture forestière a disparu depuis la préhistoire.

Le dérèglement climatique : l’arbre qui cache la forêt. Pourquoi ?

Si les « puissants du monde » en sont venus pour une part à reconnaitre le Réchauffement climatique, c’est qu’ils y voient la possibilité de faire, d’une autre façon, de belles affaires (relance du nucléaire, voiture électrique avions à hydrogène, usage massif de l’informatique, etc.) et si la catastrophe de l’effondrement des bases du vivant déjà là est en quelque sorte MASQUÉ c’est que l’enrayer implique une remise en cause beaucoup plus radicale : celle de l’idéologie de la Croissance.

Mais, qui est responsable de la poursuite de ce saccage ?
  • On pourrait dire : nos modes de vie, la mondialisation, le capitalisme etc. mais ces formulations sont trop abstraites et ne ciblent pas clairement les vrais responsables. Une autre analyse est proposée : cette catastrophe en cours est l’œuvre d’un ensemble d’hommes et de femmes en réseaux et en lieu (de conflit ou de collaboration) – on pourrait parler d’un écosystème – qui partage cette même idéologie de la croissance, une croyance : la nécessité de faire croitre encore les productions, et propage cette croyance partout au point qu’elle apparait comme naturel, inévitable, fatal ! En ce sens cette croyance s’apparente à une croyance religieuse. Il s’agit de faire en sorte qu’elle soit celle de tous et elle l’est largement devenu.
  • Si ce sont des hommes et des femmes qui sont responsables, cela veut dire que ce qu’ils ont construit ne relève pas d’un mécanisme fatal implacable mais de leur responsabilité et que nous pouvons construire autre chose et c’est motivant.
  • Précisons qui : ce sont en vrac les responsables politiques à toutes les échelles, d’entreprises à toutes les échelles, des responsables organisations internationales comme l’OMC, la banque mondiale, le FMI, des propriètaires de grands médias, etc.
Mais cette croyance n’est pas une évidence et plus encore elle est à la fois INSENSÉE ET DANGEREUSE pour les bases du vivant (comme pour la société)

La croissance dont il est question ici est celle du PIB, seul indicateur retenu aujourd’hui. Pour calculer le PIB, tout ce qui a une valeur marchande est comptabilisé, indépendamment de toute utilité sociale. Un accident de la route produit du PIB, une maladie, la publicité, une guerre…

Au sujet de la croissance, quelques citations clés :

« Nous sommes à bord d’un bus fonçant à pleine vitesse et de plus en plus vite vers une falaise et nous acclamons chaque km/h en plus comme du progrès« 

Timothée Parrique

´« Si vous étiez le PIB, le citoyen idéal serait un joueur compulsif atteint d’un cancer et engagé dans une difficile procédure de divorce, affrontant ses soucis en gobant du prozac par poignées et disjonctant le 1er jour des soldes»

Rutger Bregman

«Le PIB est borgne quant au bien-être économique, aveugle quant au bien être humain, sourd à la souffrance sociale et muet sur l’état de la planète»

E. Laurent

« Passé un certain seuil la croissance cesse d’être une valeur ajoutée devient une valeur arrachée, sorte de razzia du domaine social et écologique, nous détruisons le vivant et le vivre ensemble pour des pubs, des SUV, des repas livrés par des travailleurs précaires et nous osons appeler cela s’enrichir. A quoi bon créer des emplois qui n’épanouissent personne pour produire de manière écologiquement insoutenable afin d’augmenter le pouvoir d’achat (sans pour autant augmenter le pouvoir de vivre) et tout ça pour consommer des produits dont on pourrait se passer »

Timothée Parrique

« Nous faisons l’expérience d’une économie qui, pour produire des biens de consommation souvent en excès, épuise les biocapacités de la planète, surexploite ses ressources, entrave sa capacité à se régénérer et transfère les revenus futurs dans le présent ».

Felwine Sarr

« la production d’objet inutiles, devenu une fin et non plus un moyen, doit être nommée pour ce qu’elle est : une maladie. S’il faut nommer la croissance, alors voyons là comme une croissance tumorale »

Aurélien Barrau
Quelles sont les conséquences de cette recherche effrennée sur le Vivant ?

Extraction de plus en plus de combustibles fossiles et de métaux rares, élevage carcéro-industriel, déforestation massive, agriculture industrielle qui détruit les sols, abuse des pesticides et consomme l’eau en excès, fonds marins saccagés par le chalutage des pêches industrielles,…

La science, la technologie vont-ils nous sauver ?

Les sciences font des choses extraordinaires qui méritent notre admiration. … Chacun d’entre nous mais aussi les stés du monde entier doivent beaucoup à la science et aux technologies. Elles ont permis amélioration de nos conditions d’existences. Mais est-ce que grâce à la science et aux technologies nous allons pouvoir faire croitre indéfiniment la production en dépit des limites qui sont celles de la planète ?

La croissance permanente ne peut se réaliser que dans une fuite en avant vers des technologies toujours plus impactantes.

«Aujourd’hui bien des progrès techniques ne peuvent être réalisés qu’au prix de formidables dévastations au point que l’on hésite plus à dire que l’humanité est en guerre contre la nature, les milieux et les territoires ».

Achille Mbembe

Dans certains cas, certaines technologies qui résultent des avancées scientifiques sont aussi capables, on le sait depuis la bombe d’Hiroshima, Tchernobyl, le recours aux manipulations génétiques, d’engendrer des processus aveugles qui peuvent provoquer des désastres, et cela même si les intentions des inventeurs sont les meilleures.

Cela veut-il dire qu’il faut refuser de continuer à chercher et à inventer ? Non : ce n’est pas en soi que la science et la technologie sont un danger. Elles le deviennent quand elles sont coupées de la question de leur finalité.

«La technique constitue un danger pour l’homme si, au lieu d’être l’instrument elle se substitue au but, c’est-à-dire, détourne à son profit le sens de la vie, en masque la portée essentielle et les fins dernières au point d’effacer la conscience de l’homme ».

Achille Mbembe

Il est donc essentiel de se poser la question, DANS QUEL BUT, ce nouvel outil technique, pour quoi faire cette nouvelle invention. Donc dans quel but mais aussi AU SERVICE DE QUI ?

Dans un système économique où l’on invente pour s’enrichir, les problèmes auxquels réponds l’innovation sont principalement ceux des privilégiés donc assez rarement le soin du vivant, ni l’intérêt général ni l’intérêt des plus des plus vulnérables. Ceux qui formulent des critiques face à certaines avancées des sciences et des technologies sont accusés d’entraver la marche vers le progrès, de vouloir revenir à la bougie… Mais de quel progrès parle-t-on ?

On distingue deux types de progrès : le « PROGRÈS ANTHROPOLOGIQUE qui permet de mieux satisfaire des besoins avec moins de ressources (qui s’apparente à un progrès éco au sens originel du terme) et le PROGRÈS TECHNIQUE DES ÉCONOMISTES LIBÉRAUX qui ne prend en compte que les valeurs monétaires issu de la transformation d’une richesse sociale/écologique en richesse financière ».

Timothée Parrique

Le mythe du progrès (au sens où l’entende les économistes libéraux) qu’il ne faut pas entraver est un dogme de la religion de la croissance qui permet d’excommunier avec mépris ce qui ne sont pas dupes. 

Le psychanalyste marseillais Roland Gori fait clairement le lien entre ce mythe et la domination des puissants qui font passer leur vision du progrès comme naturel et indiscutable :

« La civilisation technique fait préférer l’inanité de l’automate et l’abstraction des algorithmes à la fragilité du vivant ».

« Comment célébrer les sciences, leur puissance d’exactitude sans qu’elle nous mène à la soumission sociale et à la servitude volontaire. Comment conserver les merveilleuses et magiques trouvailles techniques sans nous laisser hypnotiser par les maîtres qui les fabriquent et qui les vendent».

Roland Gori

« Cette idée du progrès associé à l’industrialisation forcenée de la nature et à la rationalisation des moyens de production repose sur une représentation pauvre et erronée de l’être humain appréhendé comme un individu essentiellement préoccupé par le bien-être matériel, la recherche de distraction et le désir éperdu de reconnaissance. Elle présuppose que le consumérisme, la rivalité et le rêve de gloire sont les causes alors que ce sont des effets ».

Corinne Pelluchon

Les puissants prêtres de ce culte de la croissance sont pour partie sincèrement convaincus d’agir pour le bien de tous tant ils sont aveuglés par la religion à laquelle ils croient ! Un peu comme ceux qui ont un temps mis en place l’inquisition pensaient faire le bien de tous en protégeant les populations du danger des idées hérétiques, ils imaginent que les technologies toujours plus poussées permettront une croissance sans limite qui fera le bien de l’humanité, alors qu’ils nous enfoncent toujours plus dans une destruction des bases de la vie. La mise en avant du dérèglement climatique, la croissance verte, le développement durable sont autant de stratagème que l’on peut qualifier de greenwashing (ou camouflage vert) visant à nous faire croire que nos responsables politiques ou économiques agissent et que l’on peut sans dégât pour la planète continuer la croissance. «Si nous voulons éviter l’écueil délétère de la décroissance, nous devons faire le choix résolu de la croissance verte. » (Agnès Pannier-Runacher)

Alors, comment préserver / restaurer ce qui peut l’être ?

  • Empêcher pied à pied dans nos territoires, nos entreprises, au sein de nos activités professionnelles, tout projet écocidaire
  • Mener contre ces projets des luttes juridiques et politiques
  • Déconstruire l’idéologie  qui rend possible la marche en avant vers la destruction des bases du vivant
  • Se donner collectivement une éthique personnelle  et des modes de vie adaptées à la situation

Toutes sont nécessaires et complémentaires.

Des précisions sur les deux derniers points :

  • Déconstruire l’idéologie  qui rend possible la marche en avant vers la destruction des bases du vivant
  • Pour démonter l’idéologie qui imprègne cette marche en avant écocidaire, il s’agit déjà de faire comprendre que la DÉCROISSANCE DANS LES PAYS DU NORD est la solution la plus humainement souhaitable de sorte que :

    «La taille de l’économie ne doit pas dépasser les capacités de régénérations des ressources naturelles et de recyclages des écosystèmes dans lesquels elle rejette ses déchets ».

    « Réduire la production et la consommation pour alléger l’empreinte écologique de manière démocratiquement planifiée, dans un esprit de justice sociale et dans le souci du bien-être ».

    « Ce sont les consommateurs dont l’empreinte est la plus lourde qui devront en priorité déconsommer et renoncer à une partie de leur revenu. Ce sont les entreprises les plus polluantes qui devront en priorité ralentir leur production et renoncer à une partie de leurs profits. Ce sont les pays les plus destructeurs qui devront faire le plus d’efforts pour réduire leur PIB ».

    Timothée Parrique

    On pourrait aussi comme le fait Eloi Laurent (qui préfère parler d’une éco post croissance) que celle-ci doit suivre un triple objectif :

    • Bien être ICI et MAINTENANT
    • le bien être PLUS TARD (celui de nos enfants ce qui signifie leur léguer une planète habitable où les bases du vivant ne sont pas trop dégradées et ses ressources  pas totalement épuisées )
    • le bien être AILLEURS (ce qui implique notre responsabilité vis-à-vis des pays moins riches).

    Pour ces économistes décroissants ou post croissant, plus un pays COMMENCE TÔT à décroitre, plus légère sera sa décroissance et plus il s’y prend tard plus la décroissance sera abrupte et injuste et peu démocratique car la fin de la croissance est inévitable.

    Pour s’opposer à ce courant de pensée, les partisans de la croissance veulent propager l’idée d’une ÉCOLOGIE PUNITIVE pour tous, alors qu’une économie post-croissance serait surtout punitive pour ceux qui abusent.  Retarder les choix décroissants par peur de déprimer une minorité super riche parait indécent dans un monde où les bases du vivant s’effondrent et où la pauvreté subsiste. Cela fait penser à ceux qui se sont opposés à l’abolition de l’esclavage car cela représentait un sacrifice pour les propriétaires d’esclaves.

    Ce tournant inévitable implique donc une réorientation profonde de l’économie : abandon au plus vite de l’agriculture industrielle monoculturale, et de l’élevage carcéro-indutrielle et on connait les solutions qui permettent à la fois de nourrir les populations et de préserver les sols, l’eau et l’air (ex :  L’AGROFORESTERIE). Ces formes d’agriculture combinent des connaissances et de savoir-faire accumulés par des générations de paysans et de paysannes mais aussi la mise en œuvres de connaissances de plus en plus précises concernant les sols, la vie biologique en leur sein, la variété des espèces existantes et la complexité des écosystèmes. Rien là de rétrograde donc tout au contraire.

    Pourquoi, de l’ail de Chine au Min de Cavaillon ? des roses du Kénya et du Pérou chez nos fleuristes, des vélos avec des pièces venues de nombreux pays et nos excédents alimentaires à bas coûts ? cela est dû au COÛT ARTIFICIELLEMENT BAS de ce qui est transporté sur de longues distances. Ainsi beaucoup de compagnies maritimes échappe à l’impôt grâce aux pavillons de complaisance, échappent aussi au droit du travail et sous payent leur personnel navigant ne repecte pas les normes environnementales et ne paient pas les externalités négatives de leur activités (pollutions des océans, contribution au réchauffement climatique). Il en est de même pour le transport aérien qui ne paye pas ses externalités négatives + kérozene non taxé etc. La décroissance implique une réduction drastique des transports sur de longues distances et de fait l’abandon de projet inutiles et imposés (aéroports, autoroutes, plateforme logistique).

    La décroissance implique de  PRODUIRE MOINS (et donc à travailler moins) MAIS MIEUX : du durable et du réparable  en répondant à de vrais besoins, et non à des besoins artificiellement créer par le harcèlement publicitaire 1000 à 2000 messages/jour, 500 à 1M de panneaux pub en France. Décroitre impliquerait une limitation drastique de la publicité et la mise à bas de l’énorme marché que constitue le recueil des données personnelles de chacun.

    • Se donner collectivement une éthique personnelle  et des modes de vie adaptées à la situation

    Une autre bataille culturelle à mener consiste à DÉCONSTRUIRE LE PARADIGME OPPOSANT L’HOMME À LA NATURE. En effet, depuis le XVII siècle, nous pensons en Europe la nature comme séparée de nous, objet de connaissance, à disposition de nos besoins. C’est une vision qui est donc historiquement très récente et qui n’est pas partagée par toutes les civilisations. « Voir dans la nature un environnement dont l’homme serait maitre et possesseur est une fiction véhiculée par un concept de propriété issu du droit romain » nous dit F. Sarr. Le récit de la création dans la Genèse y est sans doute pour quelque chose. Mais les philosophes des Lumières de Descartes à Diderot au XVII° ont aussi formalisé cette représentation d’une nature objet à notre usage.

    Tout un courant philosophique s’est développé autour de Descola, B. Morizot, Peluchon, V. Despret, N. Martin etc. pour remettre en cause cette vision anthropocentrée du monde. Tous nous invitent à prendre conscience que nous sommes totalement reliés à tout ce qui est vivant. Nous faisons partie du vivant.

    Chez les Achuars « Les plantes, les animaux, les esprits n’étaient pas des composantes de cette abstraction philosophique que l’on appelait chez moi la nature, c’étaient des partenaires sociaux qu’il fallait séduire ou contraindre »  

    Ph. Descola

    Les êtres vivants ne sont pas une matière ou une ressource « la nature n’est pas une machine que nous pouvons casser et réparer »

    F. Sarr

    Cela nous invite donc à nous libérer de la raison économique qui a besoin de TRANSFORMER TOUT CE QU’ELLE TOUCHE EN OBJET y compris les humains (cf « ressources humaines »). Les êtres vivants ne sont pas une matière ou une ressource comme on le voit dans l’élevage carcéro-industriels mais des partenaires.

    Il nous faut faire « l’expérience poétique de la saisie du monde comme totalité vivante, avoir l’intuition que tous les éléments qui nous entourent nous traversent et nous composent ».

    Denetem Touam Bona

    Notre planète est recouverte d’une très fine pellicule de vie mais qui est un tissu extrêmement complexe de mutliples éléments en réseau qui sont totalement interdépendants et dont nous faisons partie. Et comme on le découvre de plus en plus, il y a a au sein du vivant beaucoup plus de coopération que de compétition.  Nous sommes un élément de cette toile d’araignée. 

    Nous sommes tous citoyens de cette collectivité du vivant. C’est l’idée d’une convivialité multi-espèces, un mode d’interaction où nous pouvons même considérer des éléments de la nature comme un sujet de droit, voire les non humains comme des partenaires de vie.

    « Il ne s’agit pas de tenter de prêter aux plantes et aux animaux une intériorité similaire à celle des humains, mais de reconnaître à la fois leur familiarité et leur altérité, […] de rechercher en permanence à leur endroit les égards les mieux ajustés ».

    Baptiste Morizot

    Les égards les mieux ajustés nous conduisent dans nos comportements individuels et collectifs à tenir compte de la sensiblilité et des intérêts des animaux et à développer une nouvelle forme d’humanisme moins anthropocentré.

    «C’est en partant d’une compréhension de l’être humain qui insiste sur la matérialité de son existence et sur sa dépendance à l’égard de la nature et des autres êtres vivants que l’on peut prendre en compte dans toutes nos décisions et dans nos politiques publiques, les intérêts des animaux et promouvoir un modèle de développement écologiquement soutenable et plus juste, au lieu de se centrer sur des préjugés anthropocentristes. Cet humanisme est un humanisme de l’altérité et de la diversité »

    Corinne Pelluchon

    Et donc moi, individu au cœur du vivant qu’est-ce qu’il m’est possible de faire en réseau avec d’autres… COMMENT AJUSTER MA MANIÈRE ET NOS MANIÈRES DE  VIVRE À LA NÉCESSITÉ DE PRÉSERVER LES BASES DU VIVANT ?

    •  Demandons-nous qu’est-ce qui est important pour nous dans la vie qu’est-ce qui nous tient à cœur ? ce sont la santé, vivre en sécurité, un travail utile et épanouissant, un toit, les relations sociales, le contact avec la nature, l’art. Et pas la possession d’objet… Ce qui veut dire que ce qui compte pour chacun, c’est l’être plus que l’avoir, la qualité plus que la quantité.
    • Aussi, la meilleure défense contre la gloutonnerie à laquelle nous sommes poussés par la société de consommation, c’est d’être gourmand, de savourer ce que l’on a sans vouloir plus. Prendre le temps de déguster, de s’émerveiller : de la qualité d’une relation (qui ne se mesure pas au nombre de like), des beautés et de l’extraordinaire inventivité de la nature, prendre vraiment le temps d’écouter une musique…. Bref ralentir pour mieux profiter de ce que nous donne la vie.
    • Cet émerveillement c’est aussi de savoir que nous sommes des héritiers, que chaque objet, chaque élément de la nature, un paysage est l’aboutissement d’une longue chaîne de transmission de savoirs et de savoirs faire et de travail de beaucoup d’hommes. Imaginons le savoir contenu dans une feuille de papier. Le travail contenu dans un morceau de pain.
    • On sait aussi que ceux qui ont traversé l’épreuve d’une grave maladie ont souvent un désir de vivre plus intense qui les centrent davantage sur l’essentiel

    « La reconnaissance de notre vulnérabilité est l’occasion de procéder à un inventaire distinguant ce qui doit être sauvé et ce qui doit disparaître ou dont on peut se passer pour mieux mener une vie bonne ».

    Corinne Pelluchon
    • La catastrophe dans laquelle nous sommes déjà doit donc nous inciter à mieux cerner ce qui nous est vraiment essentiel, ce qui a vraiment de la valeur …… Si chacun le fait dans les pays riches et au sein des classes moyennes, cela constitue un geste politique fort qui tarit la source consommatrice de l’économie basée sur la croissance illimitée des biens.

    « Le travail sur la frugalité est important sans quoi on se perd dans la quête d’une multiplicité d’expériences qui demeurent inaccomplies, qui ne sont pas fondamentales dans nos existences et qui génèrent toujours plus d’anxiété ».

    G. Firaud et F. Sarr
    • Cela implique de redonner du sens aux limites. A l’opposé de ceux pour qui les limites sont vécues par définition comme dépassables et qui rêvent d’un homme immortel, d’une transhumanité. Il convient de considérer les limites comme relevant justement ce qui nous constitue en tant qu’humain et que cela nous grandit de les regarder en face. Le philosophe Olivier Rey raconte cette belle histoire. Une colombe amoureuse de la vitesse veut aller de plus en plus vite. Elle se plaint de la densité de l’air qui la ralentit et donc la limite. Elle obtient du créateur qu’il supprime l’air qui la ralentit et… elle s’écrase au sol.

    Alors peut-on comme le font nos dirigeants en appeler à la sobriété ?  C’est faire croire que la solution passe par des comportements individuels alors que la solution est collective et politique, c’est nier les injustices sociales.

    Pour conclure, quel gâteau préférez-vous ?

    Celui de gauche plein de sucre de colorants, d’additifs, de gélatine animal ? On nous appelle à le faire toujours plus gros avec plus de travail. Et on épuise pour cela le stock de farine et de produits de bases de sorte qu’il n’y en aura plus pour nos enfants ! Ceux qui nous pousse à le faire plus gros sont ceux qui accaparent les plus grosses parts en laissant que des miettes au plus démunies, en nous disant que plus le gâteau est gros, plus cela ruissellera ! vers ceux qui héritent de miettes ! Mais est-ce que les très grosses parts vous font envie ? Manger jusqu’à la nausée ? (pour le dire autrement, la vie d’Elon Musk ou de B Arnault fait-elle réellement envie ?).

    Celui de droite est plus petit, fait en économisant les ressources disponibles avec moins de travail, et sans aucun produit superflu, fait avec amour. Il est partagé de manière équitable, même si les parts sont plus petites.

    Donc quel gâteau préférez-vous ?

    Et bien c’est cela que nous devons construire : c’est non seulement un objectif réjouissant qui rendra nos vies plus belles, plus gourmandes mais c’est encore possible si nous y mettons toutes nos forces, nos convictions. Et surtout, c’est absolument nécessaire si nous voulons sauvegarder ce qui reste des bases du vivant. Cela nous conduit à chercher collectivement des modes de vie sobres plus respectueux des bases du vivant.  C’est ce que font bien des hommes et de femmes dans des écolieux qui fleurissent un peu partout chez nous et dans le monde.  Mais cela va de pair avec des luttes politiques, juridiques et culturelles contre ceux qui nous mènent toujours plus vite au bord du précipice en contribuant à dégrader toujours plus les bases du vivant. C’est ce que font à leur mesure beaucoup de personnes que nous connaissons tous.

    L’Assemblée Générale 2024

    Une Assemblée Générale à l’image du dynamisme de l’association

    Le samedi 17 février a eu lieu, salle Bouscarle à Cavaillon, l’assemblée générale de notre association. Ce fut un moment très réussi qui a montré que le fonctionnement collégial de nous a permis de libérer les initiatives, de constater que la forme de démocratie participative qui anime AVEC est source de dynamisme. En témoigne le rapport d’activités, mené tambour battant, au cours duquel chacun des cercles a présenté bilan et projets à venir.

    Le cercle vélo a évoqué la réussite de ses vélorutions, les premiers contacts (à poursuivre) avec la mairie dans le but d’améliorer les conditions de circulation à Cavaillon, les actions en partenariat avec les écoles et collèges et un temps fort prévu en mai durant l’évènement national Mai à vélo.

    Le cercle ciné-débat a présenté les 4 ciné-débats accueillis par le cinéma de Cavaillon autour des films Tous résistants dans l’âmeSecrets toxiques, la RivièreTu nourriras le monde, avec pour deux d’entre eux des affluences très fortes (130 et 100 personnes). À chaque fois, des acteurs locaux témoignaient devant la salle de leurs actions en lien avec l’objet du film. Deux de ces ciné-débats se sont faits en collaboration avec d’autres associations (Foll’Avoine et SOS Durance Vivante) et se sont poursuivis par un colloque animé par ces mêmes associations. Enfin deux ciné-débats sont d’ores et déjà prévus : l’Océan vu du cœur le 7 avril et Les roues de l’avenir le 26 mai lors de la Fête du vélo.

    Le cercle rando nous a présenté les 10 randonnées organisées mensuellement par une animatrice et un animateur agréés qui effectuent une reconnaissance avant chaque randonnée. 5 randonnées sont d’ores et déjà prévues avant les vacances d’été.

    Le cercle terre et eau a évoqué la défense des terres agricoles de la ZAC des Hauts Banquets, les 3 contentieux en cours ainsi que les actions engagées pour financer ces recours juridiques et les inventaires des naturalistes qui nourrissent ces recours ; cela en lien avec l’ AEQV de Cheval Blanc et au sein du collectif Sauvons nos terres 84. Dans l’immédiat, une Fête du printemps – Célébrons la diversité du vivant est programmée les 12, 13 et 14 avril. En ce qui concerne l’eau, outre le ciné-débat autour du film La rivière, le cercle a organisé une conférence sur Le partage de l’eau en septembre. Par ailleurs, AVEC représente aussi la FNE au sein de la commission locale de l’eau. Enfin, l’association a multiplié les rencontres avec les associations qui s’opposent à propos de l’endiguement du Coulon et les instances en charge de la mise en place de ce projet afin de préciser sa position. Pour l’avenir, outre le ciné-débat sur l’Océan, une conférence est programmée très bientôt le 1er mars: Faut-il avoir peur des digues ? et une autre le 25 mai sur le Rhône par un batelier naturaliste.

    Le cercle déchets a poursuivi avec succès plusieurs opérations de ramassage de mégots en collaboration avec Tchao-Mégots, des ateliers répare-couture et des animations de recyclage de déchets auprès des enfants. Des ateliers et des opérations des ramassages de mégots et de déchets en bord de Durance ou dans les Sorgues sont envisagés pour la suite, de même qu’une rencontre avec la mairie pour demander l’installation de cendriers au Grenouillet.

    Enfin le cercle alimentation a présenté le site internet qu’il est en train de mettre en place : Vente directe en pays cavaillonnais qui permettra aux consomm’acteurs cavaillonnais de connaitre tous les producteurs et productrices qui font de la vente directe à moins d’un quart d’heure en voiture de la ville.

    L’ensemble des cercles a contribué à la réussite de la Fête des Possibles (du 10 au 24 septembre) : 3 weekends, 12 évènements (des ateliers, des conférences, des rencontres, une fresque du climat et des spectacles). Plus de 300 participants. Enfin des membres de l’association ont participé au Challenge Ma Petite Planète qui s’est traduit par3 semaines de « défis écolo » et de beaux moments de partage.   

    Le rapport financier a montré que la nouvelle grille de cotisation où chacun peut choisir son montant en fonction de ses possibilités (à partir de 1€) a non seulement permis une hausse du nombre d’adhérents mais également des recettes. Cette grille est donc reconduite.

    Pour conclure, le rapport moral en introduction de cette assemblée soulignait le contexte difficile pour les idées que nous défendons : recul en France, face à de puissants lobbys, des mesures de protection du vivant, écologie souvent présentée comme punitive, recul de la possibilité des citoyens de participer à la vie démocratique, destruction des liens de solidarité etc. Face à cela, comme le montre le rapport d’activités, AVEC a continué d’agir de manière déterminée et souvent montré que l’écologie pouvait être festive, conviviale et joyeuse. Un repas partagé a d’ailleurs clôturé cette AG, puis l’après-midi certains ont pu découvrir la fresque de la biodiversité, moment animé par une formatrice de l’association.

    ZAC des Hauts-Banquets : la lutte continue !

    Œuvrer pour un avenir désirable sur une planète vivable, c’est construire et proposer des alternatives, mais aussi, lorsque c’est nécessaire, s’opposer aux projets écocides.

    Article paru dans La Provence – 20 septembre 2023

    Ce projet, mis sur la table il y a plus de quinze ans, est symptomatique de ce vieux monde qui n’a pas encore compris les enjeux actuels. Sur un planète morte, pas d’emploi. C’est simple. Mathématique. Jusqu’au secrétaire général de l’ONU, cela ne fait aucun doute. Dans l’ordre des priorités, tout en haut de la pyramide, on doit absolument placer la préservation du Vivant et de nos capacités à nous nourrir. Les associations et les militants sont là pour le rappeler : il est temps de changer de logiciel !

    La campagne de dons permettant le financement des recours en justice est toujours en cours, c’est une autre manière de soutenir la mobilisation :

    On fête les Possibles à Cavaillon !

    Première édition de la Fête des possibles à Cavaillon et alentours !

    Plusieurs associations locales déterminées à faire émerger d’autres possibles se sont unies pour concocter un riche programme : conférences, pièce de théâtre, Répare café couture, vélorution, ramassage de déchets, atelier créatif, balade naturaliste, fête des AMAPs, Fresque du climat… Chacun·e trouvera son possible !
    Evènement organisé avec AEQV Association Environnement Qualité de Vie Cheval-Blanc, ICI Association Initiatives Citoyennes Intercommunales, BLOB, les AMAP de Provence et Le jardin du Papet.

    Dimanche 10

    Répare Café Couture Pantalon à rapiécer, chemise à customiser… Venez avec vos vêtements « en attente de réparation », et on s’y met tous et toutes ensemble autour d’un café ou d’une tisane ! Au restaurant Le Bio’s (Cavaillon) de 10h à 12h. Gratuit.

    Vendredi 15

    Conférence – Le partage de l’eau Les canicules et sécheresses successives nous font prendre conscience que la ressource en eau n’est pas inépuisable. Michel Leparquois, professeur agrégé de géographie, abordera la question de la raréfaction de l’eau dans le contexte du dérèglement climatique tant au niveau de notre territoire provençal qu’en France et dans le monde. A 18h30, à la MJC de Cavaillon, participation à prix libre et conscient.

    Samedi 16

    World Clean Up Day à vélo ! Promouvoir les mobilités douces tout en participant au WCUD, ça donne un ramassage de déchets à vélo ! Et pour vous mettre en jambes, le petit déjeuner est offert ! Organisé par l’AEQV Cheval-Blanc, rendez-vous à 9h30 au parking du stade à Cheval-Blanc pour un départ à 10h. Départ groupé à 9h Place du Clos pour les cavaillonnais·es.

    Fresque du climat Pour agir, il faut comprendre ! La Fresque du climat est l’outil idéal pour appréhender les enjeux climatiques et encourager le passage à l’action. De 15h à 18h, lieu à définir. Gratuit sur inscription : 14 participant·es maximum.

    Théâtre « La ferme du bois fleury » / 1ère partie : Terres mortes (Cie de la Posada de Don Quichotte ) Une pièce de théâtre pour réfléchir à l’histoire de l’agriculture en France. « Dans les années 70, deux frères se partagent une ferme. L’un va profiter de la « révolution verte » et cultiver des céréales en conventionnel, l’autre va plutôt expérimenter le petit maraîchage. Pendant cinquante ans nous allons les croiser régulièrement à l’apéro. Ils parlent d’agriculture, de politique et de femmes… tout un programme. Entre désaccords et fraternité, ce seul en scène nous livre un récit rythmé, où le rire et l’émotion se succèdent. Un voyage dans l’histoire de l’agriculture française par deux points de vue diamétralement opposés. » Spectacle tout public. Participation au chapeau. 20h30 au Bio’s – Repas possible à 19h sur réservation 15€, auprès d’Agnès 06 50 37 84 89.

    Dimanche 17

    Créativité nature Enfants et parents Créer avec la terre, créer avec la Terre. Cet atelier se déroulera en deux temps : une sortie pour découvrir les ocres en Provence (dimanche 17) puis élaboration d’oeuvres dans une authentique grotte (dimanche 24). Gratuit sur inscription : maximum 20 personnes (enfants à partir de 2 ans). Rendez-vous à 10h, lieu à définir.

    Vendredi 22

    Conférence – Accueillir la biodiversité dans nos jardins Après une petite présentation de la biodiversité ordinaire, nous verrons comment accueillir au jardin ces bêtes et ces plantes pour en faire un véritable refuge pour la nature. La conférence sera bien sûr suivie d’un apéro ! 🙂 A 18h30, 113 avenue Villevielle à Cavaillon.

    Samedi 23

    AMAP en fête / La fête des producteurs Notre magicien-maraicher de l’AMAP de Cavaillon nous prépare une fête des producteurs chez lui, à Mollégès. Dégustations, ateliers… Que du bonheur pour les papilles ! A partir de 9h, chez Sébastien, 417 Chemin des Carrairades à 13940 Mollégès.

    Première rencontre des Blobeurs Présentation du projet Blob par Helen Larguier, concepteur du projet : après un rappel du contexte par les Shifters (« Seulement 2% d’autonomie alimentaire »), première présentation publique du projet Blob, ainsi que du premier point de vente du réseau Blob et fondation de l’association des BLOBEURS. La rencontre sera suivie d’un Banquet Gaulois de producteurs locaux. A 18h à « La Ferme du Reydet » (818 chemin de Reydet, l’Isle-sur-la-Sorgue).

    Dimanche 24

    Créativité nature Enfants et parents Après avoir découvert la beauté des ocres dans la nature, il est temps de mettre les mains dans la terre et de laisser libre court à sa créativité dans une authentique grotte ! Gratuit sur inscription (même groupe que le dimanche 17). A partir de 10h, 113 avenue Villevielle à Cavaillon. Pique-nique tiré du sac.

    Balade naturaliste – Les arbres du Grenouillet Une balade à la découverte l’arbre au pied de la colline St Jacques. Gratuit sur inscription : 15 adultes maximum (enfants accompagnés illimités). Rendez-vous à 15h sur le parking des arènes au Grenouillet (Cavaillon).

    Spectacle « Un monde possible » / Apéritif de clôture Mise en mots et en danse, à partir de textes créés lors d’ateliers d’écriture animés par Béatrice Santo Velasco (association Initiatives Citoyennes Intercommunales ICI) auprès d’un public en situation de handicap. Un moment poétique pour mettre en résonance l’humain et la nature. Gratuit. A 18h, 113 avenue Villevielle à Cavaillon.

    Inscriptions :

    ZOOM sur les partenaires de la Fête des Possibles

    FNE Vaucluse

    Le restaurant Bio’s

    Confédération Paysanne du Vaucluse

    ADEAR Vaucluse

    AVEPH – Association Vauclusienne d’entraide aux Personnes Handicapées

    Agribio 84

    Biocoop L’Epicurien – Cavaillon

    Intermarché Cavaillon

    Notre Fête des Possibles s’inscrit dans un réseau plus large

    La Fresque du climat

    Le World Clean up Day

    Dans la presse : Visite surprise aux Hauts Banquets

    La défense des terres prend de plus en plus de place dans les colonnes de La Provence. L’écologie devient un sujet incontournable et c’est un signal très positif ! La société évolue, et plus vite que les politiques qui sont encore menées sur notre territoire… Heureusement, les citoyen·nes veillent et étaient présents lors d’une visite technique sur la future ZAC des Hauts Banquets pour engager la discussion avec les techniciens et responsables.

    11 mai 2023

    Ce qui ne fut pas du goût de tout le monde… Les arguments avancés dans la réponse ci-dessous sont d’ailleurs quasiment tous réfutables, mais nous y reviendront ! Le projet alternatif de ceinture verte prend forme, et loin d’être « une utopie pour rêveur », il porte une vision de l’avenir soutenable et, disons-le, nécessaire.

    12 mai 2023

    Une ZAD à Cavaillon : retour en images

    Samedi 22 avril 2023, le collectif SNT84, les associations écologiques AVEC Cavaillon, AEQV Cheval Blanc, Luberon Nature, FNE Vaucluse, la Confédération Paysanne, SOS Durance Vivante, l’association des parents d’élèves FCPE groupe local de Cavaillon ainsi que les collectifs de riverains des 3 zones menacées d’artificialisation, ont organisé une grande manifestation citoyenne à Cavaillon.

    La manifestation a réuni une soixantaine de personnes au rond point du melon, symbole de la ville, déterminées à faire entendre la voix (et la voie) du Vivant.

    Après la lecture d’un texte aussi percutant que galvanisant par Solinne, que vous pourrez lire dans cet article, Helen a animé une table ronde : quel autre avenir pour Cavaillon ? Le cortège en musique a ensuite traversé la ville pour se rendre au carrefour des 3 zones menacées. Nous sommes alors passés devant ces terres riches de vie qui risquent d’être sacrifiées sur l’autel du « développement économique » avant d’arriver sur ZAC des Hauts Banquets, zone déjà terrassée dans tous les sens du terme. Le contraste est saisissant : l’avant / après nous saute aux yeux. Tristesse et colère.

    La lecture par Paul du « Conte du melon » et le pique-nique partagé nous ont redonné du courage. Nous avons choisi d’être du côté de la Vie et nous ne sommes pas seuls, partout, citoyens et citoyennes se soulèvent contre la destruction du vivant avec force et créativité. Ce n’est qu’un début !

    « Offrir un autre avenir pour Cavaillon »

    Conférence de presse de SNT84 à l’occasion de la création de la ZAD de Cavaillon – 22 avril 2023

    « Aujourd’hui, samedi 22 avril 2023, le collectif SNT84, les associations écologiques AVEC Cavaillon, AEQV Cheval Blanc, Luberon Nature, FNE Vaucluse, la Confédération Paysanne, SOS Durance Vivante, l’association des parents d’élèves FCPE groupe local de Cavaillon ainsi que les collectifs de riverains des 3 zones menacées d’artificialisation, organisent une grande manifestation citoyenne à Cavaillon.

    L’histoire a commencé il y a presque 10 ans lorsqu’ Imm’Auchan voulait s’implanter sur les terres de La Voguette. Les associations s’étaient alors mobilisées pour empêcher la bétonisation de ces terres et durant plusieurs années, la ZAD de la Voguette a tenu bon. En 2016, victoire : Imm’Auchan se retire ! N’en déplaise à certain, les terres sont restées vivantes. Non cultivées certes, en friche oui. C’est-à-dire gorgées de vies, un creuset de biodiversité.

    Puis le temps est passé, quelques années, jusqu’à ce qu’un nouveau projet émerge en 2019. Non plus sous la gouverne de la Mairie de Cavaillon mais sous celle de l’agglomération Luberon Monts du Vaucluse (LMV). Quelle pirouette ! Pour annoncer le projet Natura’Lub. Un doux nom pour un projet plein d’ambition … d’artificialisation de 45ha sur les terres de la Voguette ! Mais l’appellation Natura’Lub n’a pas tenu longtemps, le projet s’est transformé en vulgaire ZAC des Hauts Banquets avec l’accueil annoncé en fin 2022 d’un premier gigantesque logisticien : RAJA, et sa horde de camions et de béton. Mais l’avidité de bétonisation ne s’arrête pas là. La ZAC des Hauts Banquets est la première phase d’un projet bien plus grand : l’annexion de deux zones voisines, le Camp (sur 11ha) et le Bout des Vignes (sur 31ha), au sud de Cavaillon, aux portes de Cheval Blanc. Ces deux nouvelles zones sont aujourd’hui des vergers, des maraichages, des prairies et quelques habitations. A quel avenir les destine t-on ? à se transformer en zone artisanale et en zone commerciale. L’ébriété foncière ne s’arrête jamais pour LMV. Les 3 zones réunies : les Hauts Banquets, le Camp et le Bout des Vignes représenteront en tout 87 ha. 87ha de terres fertiles, irriguées par le canal St Julien datant du 12ème siècle que le monde entier nous envie. 87ha de friches, de maraichages, de refuges de biodiversité et de greniers alimentaires.

    A l’heure où l’urgence climatique, écologique, la sauvegarde de l’eau, la sauvegarde des terres alimentaires, la sauvegarde de la qualité de vie, est dans tous les esprits, comment peux-t-on continuer à détruire des terres fertiles, des prairies et des friches sous prétexte de la croissance ? C’est inacceptable ! Cette économie basée sur la destruction des sols, sur la destruction du vivant, sur la destruction d’un avenir vivable est totalement mortifère.

    Nous, associations écologiques et riverains, nous nous opposons à cette économie du passé. Nous dénonçons la ZAC des Hauts Banquets, ex-NaturaLub. Nous dénonçons l’extension à 2 zones supplémentaires du Camp et du Bout des Vignes. Aujourd’hui, nous sommes réunis pour dénoncer fermement ce projet destructeur et inutile de 87ha au total. Nous annonçons la création de la Zone à Défendre (ZAD) de Cavaillon. Nous appelons les citoyennes et les citoyens de Cavaillon, de Cheval Blanc, des communes avoisinantes et des pourtour du Luberon, à rejoindre la lutte pour que cesse cette artificialisation exubérante et honteuse sur notre territoire.

    Ce projet démesuré se base sur une économie ultra-carbonnée de l’ancien monde. Ce projet a pour prix la destruction de notre propre terre, celle qui se trouve sous nos pieds. Cette terre c’est celle qui nous nourrit – par les paysans qui la cultivent, celle qui nous abreuve – grâce au cycle naturel de l’eau, celle qui nous enchante aussi – par la beauté de la vie. Et c’est elle qui se soulève aujourd’hui.

    Ce samedi 22 avril 2023, c’est aussi – belle coïncidence – le jour de la Terre « The earthday », au niveau mondial. Un jour qui appelle chacune et chacun à repenser un avenir plus viable et à agir en ce sens. Nous accueillons à cette occasion, nouvelle coïncidence – Nathalie Moss. Elle traverse la France en vélo pour promouvoir la sauvegarde des sols et nous fait l’honneur de sa présence. Merci Nathalie.

    Alors aujourd’hui plus encore, nous soulevons des questions et nous appelons à l’action.

    A l’heure où le Melon de Cavaillon est en voie d’obtenir le label IGP, comment se fait-il qu’il ne reste plus qu’un seul producteur de melons sur Cavaillon (menacé d’expulsion) ? Comment se fait-il que certains s’acharnent avec ce projet hérité d’une autre ère où urgences climatique écologique et sociales n’existent pas ? Pourquoi l’agriculture, première économie de l’homme, ne fait-elle pas partie des plans des décideurs ? La filière agricole respectueuse du vivant est pourtant pourvoyeuse d’emplois durables. Mais elle nécessite une vraie vision politique sur du long terme.

    A l’heure où un nouvel arrêté préfectoral datant du 17 avril vient d’être émis mettant en état l’alerte sécheresse le bassin Sud Luberon, à l’heure où nous nous préparons à affronter une nouvelle canicule cet été, comment peux-t-on continuer à détruire des champs qui nous pourvoient en fraicheur ? comment peut-on laisser LMV assécher ces terres par la suppression de l’ irrigation gravitaire qui fait et a fait la richesse de notre territoire ?

    Comment peut-on envisager un avenir si nous n’avons plus que du goudron du béton sous nos pieds ? Ce n’est pas les quelques arbres plantés qui vont remplacer tous ceux qui seront détruits. Une terre bétonnée, c’est une terre détruite pour plusieurs dizaines d’années.

    Alors, non, cette lutte n’est pas celle d’« écolos bobos », non ce n’est pas celle d’une poignée de radicaux qui « préfèrent les tulipes à l’emploi » comme on a pu aussi l’entendre. Cette lutte c’est celle des vivantes et des vivants, des enfants petits et grands, celles et ceux qui ont grandi ou qui sont venus ici, sur les terres cavaillonnaises, chevalblanaises, luberonnaises et vauclusiennes. Comme Océane, cette jeune fille de 13 ans et Cath, qui ont dessiné ensemble la Tulipa Raddii, cette lutte est autant intergénérationnelle qu’intersocioprofessionnelle. Quels que soient l’âge et la position sociale, il existe un autre avenir pour Cavaillon que le béton et le goudron. Un avenir qui ne se construit pas sur le profit immédiat de quelque uns, mais un avenir qui se construit sur du long terme avec et pour toutes et tous. Et c’est avec la certitude que notre avenir ne pourra grandir qu’avec des sols vivants et fertiles et non des terres détruites, que nous appelons toutes les citoyennes et tous les citoyens sympathisants de la ZAD de Cavaillon à rejoindre la lutte pour sauver les 87ha de l’artificialisation et offrir un autre avenir pour Cavaillon.

    Avant de laisser place à la table ronde et au cortège qui se dirigera vers le centre-ville avant de rejoindre la
    zone menacée du Camp, nous vous remercions toutes et tous de votre présence aujourd’hui dans la solidarité
    d’une lutte qui nous unit. Merci. »

    Dans la presse : l’Assemblée Générale 2023

    L’Assemblée Générale de l’association s’est tenue vendredi 10 mars. L’occasion de faire le bilan de l’année 2022, première année en fonctionnement Collégial.

    La Provence, 12 mars 2023

    Chaque cercle a présenté son rapport d’activités pour l’année qui vient de s’écouler, et les projets envisagés pour celle qui vient (cliquez pour accéder aux rapports) :

    Une nouvelle formule d’adhésion a été adoptée, elle permet à chacun·e de s’investir dans l’association selon son envie et ses moyens :

    L’association, nouvellement adhérente à La Roue, accepte désormais cette monnaie locale et alternative pour le règlement des cotisations. Un pas de plus vers un monde différent !

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