Cavaillon,
le 16 novembre 2020
Objet :
Consultation publique ZAC des Hauts Banquets à Cavaillon
Avis
et observations de l'association AVEC
Nous avons
pris connaissance de l'ensemble du dossier soumis à la consultation du public par
la Communauté d'Agglomération LMV concernant le projet de la Zac des Hauts
Banquets à Cavaillon,
qui impacte 46 ha de terres et à terme 106 ha.
Notre association émet un avis défavorable à
la réalisation de cette opération avec les modalités telles que présentées dans
le dossier. L’objet de notre association est la préservation des équilibres
écologiques. Nous ne soulignerons donc ici que quelques impacts négatifs de ce
projet sur l’environnement.
Il nous apparaît que :
1.
L'étude préalable agricole montre que les incidences
du projet sur l'économie agricole sont
particulièrement importantes.
La perte de ces terres agricoles irriguées, proches de zones urbaines et très fertiles,
fait perdre la possibilité de produire localement les produits frais nécessaires pour alimenter la ville et en particulier la
restauration collective. Ce projet déstabilise l'économie agricole, spécifique de
notre région, dont le maintien et le développement sont essentiels pour
l'équilibre de notre territoire et la transition écologique. Pour étayer notre propos, dans son
rapport, de septembre 2019, Marie Charlotte Bopp de l’INRAe,
écrit que l’arboriculture fruitière par exemple contribue à la régulation du
climat. Que le maraichage, la vigne et l’arboriculture non seulement,
rendent des services écosystémiques mais sont à forte valeur ajoutée. Le
maître d'ouvrage, s'il reconnaît le préjudice provoqué par cet aménagement, ne
propose qu'une faible compensation, ce qui lui permet d’obtenir l’équilibre
financier de l'opération.
2.
Le troisième avis de l'autorité environnementale (MRAE)
d’octobre 2020, figurant au dossier, comporte de nombreuses recommandations et
réserves (21) pour lesquelles le mémoire en réponse d’octobre 2020 n’apporte que
des réponses imprécises. Les atteintes à la biodiversité sont sous-estimées. Des espèces protégées au niveau français, des
habitats et des niches écologiques vont être en effet menacés, voire détruits. Il n’est même pas souligné que ces terres
sont des zones humides avec les obligations de préservation que cela comporte.
Les études naturalistes sont incomplètes comme le reconnait LMV indiquant que
des études sont en cours durant cet automne. Les espèces ciblées ne sont
d'ailleurs pas indiquées. La
consultation publique a donc lieu alors que ces études ne sont pas
achevées ! La MRAe recommande de plus une
étude globale des autres zones contigües qui pourront être soumises à
l’artificialisation dans les prochaines années. En effet, le projet Natura’Lub ne peut qu’impacter les zones voisines. Qu’en
est-il de cette recommandation ?
3.
L'artificialisation des terres suscitée par ce projet
(bâtiments, parkings et voies de circulation) entraîne une perte en eau pour
les nappes phréatiques, l’augmentation des risques d’inondation. Il augmente
l’effet « ilôt de chaleur » défavorable au
climat. À cela s’ajoute la perte de la
vie du sol générant la biodiversité. Dans son guide du sol de novembre 2019, l’ADEME précise que
25% des espèces animales et végétales connues vivent dans le sol et qu’il
existe environ que 10 milliards de micro-organismes dans 1 gr de sol. Par
ailleurs, le sol est le stock de carbone de la planète. Sa séquestration
permet de diminuer le CO2 dans l’atmosphère. Les sols stockent davantage
de CO2 que ne le font la partie aérienne les végétaux. Avec l’artificialisation,
ces stocks de carbone disparaissent et ne seront donc plus à disposition. Consciente
de cela, depuis le 12 septembre 2018, la France est partie prenante du défi mondial pour la santé des sols
(projet 4 pour 1000) dans lequel elle s’engage à faire de l’agriculture
une solution pour le climat. Pour en savoir plus : https://agriculture.gouv.fr/la-france-sengage-dans-le-defi-mondial-pour-la-sante-des-sols. Ce
projet n’est-il pas contradictoire aux engagements de la France ?
4.
Il semble que cette zone recevra, sur plus de la moitié de
la surface plancher, des entreprises
logistiques pour y implanter des entrepôts frigorifiques et ordinaires.
Cela signifie davantage de poids lourds, générant du bruit, de la pollution aux
particules fines, du CO2 contribuant au réchauffement climatique. Le développement de ce type d'activités ne
nous semble pas en phase avec les enjeux de la transition écologique actuels et
l'urgence à réorienter l'économie vers un plus grand respect des contraintes
environnementales. Ce projet ne
va-t-il pas à l’encontre des textes qui conseillent de limiter
l’artificialisation des terres (Plan biodiversité du 4 juillet 2018,
circulaires des 29 juillet 2019, 24 août 2020) ?
5.
Les terrains urbanisables sur notre territoire étant rares,
il est nécessaire de les réserver à des activités à forte valeur ajoutée et
compatibles avec les enjeux précités. Le dossier présenté fait apparaître la réalisation
de vastes entrepôts fortement consommateurs d'espace, d’énergie qui risquent de
ne générer que peu d'emplois et peu de richesses. De plus, on peut lire dans le
dossier que l’agglomération dispose de
13ha de friches commerciales, artisanales ou autres. Pourquoi dans ce
cas avoir besoin de de sacrifier 46 ha ?
6.
Nous pensons qu’un
projet alternatif est possible sur cette zone. Qu’il est essentiel de
conserver des terres de qualité pour les futures générations. Les terres une
fois bétonnées sont pour longtemps perdues. L’artificialisation est une action
irréversible.
7.
Pour conclure, l'intérêt économique du projet n’est pas
démontré. La création de 1600 emplois est un pari risqué qui parait
totalement irréaliste dans la période actuelle. Cette « fiction » ne justifie pas les impacts négatifs du
projet sur l’environnement.
Pour la présidence
Paul Nicolas et
Anne-Isabelle Lacordaire